Anne-Marie Stikel
« Fou celui qui se croit à l’abri. Je ne cherche pas un abri.
Ce ne serait qu’un endroit pour y mourir sans bruit.
Je cherche ce qui arrive quand on n’est plus protégé et qu’on n’a plus peur de rien. » Christian Bobin
Le mot d’Anne-Marie
Je vous invite à méditer quelques instants sur cette citation, qui illustre bien, selon moi, le dépassement de soi tel que je l’entends au théâtre comme dans la vie.
L’insécurité, qu’elle soit matérielle, émotionnelle ou affective est sans doute notre plus grande crainte.
Elle génère une émotion très basse qui est la peur. Peut-être la pire de toutes les émotions. Quand on est en proie à la peur on vit en apnée, on se dévalorise, on se cache, on s’aliène, parfois même on se laisse aller à la haine, la honte ou la culpabilité.
Bref on n’est plus soi-même.
On souffre.
Et si l’un des meilleurs moyens de dépasser ses peurs, c’était de cheminer volontairement vers l’insécurité, ce que l’on appelle aussi sortir de sa zone de confort ?
Parce que ce que l’on expérimente devient familier ; ce que l’on craignait le plus ne s’avère pas si terrible que cela, le champ des possibles n’a plus de frontières et on découvre la liberté intérieure !
Quand on n’a plus peur de rien, on est libre.
Les sportifs de haut niveau, les artistes, les entrepreneurs et les explorateurs le savent bien ! Celui qui OSE prend le risque de tomber mais également de s’élever grandement. Celui qui n’ose rien ne change rien et reste immobile, à l’abri et au chaud, et risque juste… de mourir d’ennui.
Je vous invite, si vous le souhaitez, à faire l’expérience suivante : prenez le temps d’identifier votre plus grande peur, regardez-la bien en face.
Ecrivez-la au besoin, de manière détaillée.
Fermez les yeux.
Imaginez-vous dans cette situation : vous faites face courageusement à votre peur.
Comment êtes-vous ? Que ressentez-vous ?
Ne fuyez pas ! Imprégnez-vous mentalement de l’émotion qui vous gagne et vous submerge peut-être.
Que se passe-t-il ? Est-ce si horrible ?
Posez-vous la question.
Que peut-il arriver de pire ? Allez-vous mourir ? Et même si vous devez mourir, que se passe-t-il ?
Entendez, voyez, sentez, touchez, goûtez, ressentez.
Demeurez dans cette vision aussi longtemps que nécessaire pour ne plus être tenté de fuir la situation.
Notez mentalement toutes vos impressions et ouvrez vos yeux.
Comment allez-vous ?
Qui êtes-vous ?
Au théâtre du Bateleur on apprend, avec beaucoup de tact et de bienveillance, du moins je l’espère, à sortir de sa zone de confort, de cette image de soi-même qu’on a l’habitude de montrer aux autres et qui est souvent fausse, parce qu’on se juge, parce qu’on ne se croit pas « assez bien », parce qu’on a peur de déplaire, parce qu’on veut se protéger…
Et si, pour jouer JUSTE il fallait déjà commencer par se dépouiller de toutes ses croyances limitantes ?
Et si, on décidait de ne garder que l’essentiel : son âme !
A bon entendeur 😉
Anne-Marie Stikel
INTERVENANTE
Anne-Marie Stikel, directrice artistique, comédienne et metteure en scène formée aux cours Sauton et Cochet-Delavène en interprétation / à l’Art’aire Studio en techniques de l’acteur et gestion des émotions / au Théâtre Les Pieds Nus en expression corporelle / à l’école Côté-Cour pour le jeu face à la caméra / aux cours Cochet-Delavène en art oratoire et technesthésie / au Théâtre Instant Présent en impro et en théâtre social. Certifiée ImprO2 pour la prise de parole en public et l’animation d’ateliers d’improvisations.